Se remettre en selle

Échange avec une amie qui redémarre son job après une longue interruption. Son angoisse : « J’ai l’impression que je ne sais plus faire. J’ai la boule au ventre, un tips pour moi ? » Mon conseil : prendre conscience que dans cette phrase il y avait une confusion et une exagération.

La confusion : après une longue interruption (chômage, maladie, voyage au bout du monde, création de boîte, congé mat…), il est normal d’avoir oublié certaines choses. Mais cela ne signifie pas que je ne sais plus faire. Je peux avoir oublié des éléments, je vais peut-être zapper un point important, ou prendre plus de temps qu’avant. Mais je n’ai pas perdu mon savoir-faire.

Quand j’étais comédien, j’ai joué Jacques le Fataliste et son Maître, avec le grand Sébastien Gorteau. Après une interruption de quelques mois, nous allions répéter pour jouer le spectacle dans un autre théâtre. Le metteur en scène nous avait dit de revoir notre texte… ce que nous n’avions pas vraiment fait.

Le début de la première répétition fut catastrophique. Jusqu’au moment où nous avons décidé de… jouer. En nous remettant dans les places, dans les émotions, dans les scènes, nous avons retrouvé le texte sans effort. C’est la mémoire du corps, qui apprend plus lentement que le cerveau, mais qui enregistre beaucoup plus durablement. 

L’exagération : en disant « je ne sais plus faire », on sous-entend « je ne sais plus rien faire ». Ce qui est évidemment faux. La phrase correcte, c’est : « je crois que je vais faire certaines choses moins bien, pendant un certain temps. » La bonne nouvelle : ce temps sera toujours plus court que ce que nous imaginons.