Se féliciter

Vous avez passé un cap. Fait une prise de parole importante. Signé un contrat. Bouclé une mission compliquée. Bref, vous avez réussi quelque chose. Et pourtant, vous n’êtes pas totalement satisfait - comme disait ma grand-mère, vous « cherchez la petite bête ».

Au lieu de vous réjouir, vous vous remplissez la tête et les oreilles avec des « oui, mais… », « j’aurais dû, pu, voulu, aimé… », « si seulement… », « j’aimerais faire mieux la prochaine fois… ». Et si quelqu’un vous dit bravo ou vous remercie, vous l’interrompez avec cette phrase maudite : « dis-moi plutôt comment je pourrais progresser ? »

Vous voulez progresser ? Commencez par vous féliciter. Il y a en nous un petit enfant qui a envie d’être applaudi, de voir ses efforts reconnus, appréciés, et qui n’a pas encore appris cette ânerie sur les risques pour l’ego. Si vous prenez le temps de vous féliciter, de remercier pour les félicitations extérieures, vous allez allumer de la joie, et avancer avec une énergie renouvelée vers de nouveaux défis.

Mieux : vous serez plus lucide sur la prochaine étape, les prochains objectifs que vous voulez mettre dans votre GPS interne. Vous serez capable de distinguer entre ceux « qu’il faut » relever, et ceux que « j’ai envie » d’atteindre. (Devinez quels sont les plus justes ?)

Si au contraire vous continuez à refuser ce carburant, vous allez avancer en étant en permanence en « danger », comme un conducteur qui serait tout le temps au bord de la panne sèche, et qui pourtant s’interdirait de mettre plus de 5 litres d’essence lorsqu’il croiserait une station-service !

Vous avancerez « par devoir », appuyé sur des messages contraignants comme sur des béquilles, gages apparents de solidité. En réalité, l’équilibre et la force naissent du mouvement, bien plus que du nombre d’appuis. Les félicitations, c’est du vent dans les voiles, de l’eau sous la quille, et des foils pour faire voler l’ensemble (oui, j’ai beaucoup regardé les vidéos du Vendée Globe).