Qui suis-je ?

Nous avons une fâcheuse tendance à définir notre identité par des caractéristiques en réalité secondaires :

• « Je suis Aurélien » : disons qu’à partir de maintenant tu t’appelles « Bertrand ». Est-ce que tu vas cesser d’exister ?
• « Je suis un homme » : il est possible de changer de sexe ! Et il fut un temps où tu disais « je suis un garçon » - est-ce que cela veut dire que tu as changé d’identité ?
• « Je suis coach » : parfois tu dis que tu es formateur ? Et tu as aussi « été » sergent, libraire, journaliste, analyste financier, comédien… Est-ce que tu as cessé d’exister pendant un instant chaque fois que tu as changé de métier ? Et qui seras-tu quand tu ne travailleras plus ? 
• « Je suis un grand lecteur » : avant de savoir lire tu n’étais rien, donc ?

Etc.

J’ai lu ce mois-ci une phrase d’un auteur américain dont je n’ai pas retrouvé le nom (je cite donc de mémoire) : « on ne devrait pas dire ‘je pense donc je suis’, mais ‘je suis donc je pense’ ». Une manière amusante d’affirmer que l’être n’est conditionné par rien.

Qui suis-je alors ?

J’ai appris en Belgique une phrase qui m’est bien utile au quotidien : « Je suis moi, rien que moi, et c’est magnifique ». Mon existence n’est définie par aucune caractéristique transitoire. ET elle a une valeur pleine et entière, quoi qu’il arrive (comportement, changement physique, psychique, niveau d’énergie, succès, échecs…). Je peux dire que j’ai fait une erreur, mais je dois m’interdire de dire « je suis nul ».

Bien sûr, nous devons appliquer cette règle aux personnes que nous rencontrons : « Tu es toi, rien que toi, et c’est magnifique ». Ta valeur à mes yeux ne dépendra jamais de ce que tu fais, dis, penses… Je peux critiquer ton comportement, mais tu garderas la même valeur intrinsèque à mes yeux.