« Perdre son temps »
Jan 17, 2025« Mais fais quelque chose ! Ne reste pas les bras ballants ! C’est idiot de perdre son temps ! » Rester inactif serait le péché capital, parce que cela reviendrait à dilapider le plus précieux des capitaux, notre temps de vie.
Je l’ai cru longtemps, et je continue à avoir des petits moments d’angoisse quand pour une fois je m’assieds au soleil en regardant les collines. La « vacance », c’est bien le vide, non ? Et pourtant…
. Le temps ne nous appartient pas. Nous n’avons aucune idée de la taille de ce « capital », nous ne pouvons ni le vendre, ni l’échanger (« je t’échange 30 minutes de temps de quinqua contre 1 heure de temps de trentenaire ! »). Quels que soient notre position sociale, notre sexe, notre âge... nos montres avancent au même pas.
. Le temps ne nous appartient pas, et nous ne pouvons rien EN faire non plus ! Nous ne façonnons pas le temps comme le sculpteur façonne la terre ou la pierre. Nous vivons à l’intérieur du temps, mais nous n’avons aucune prise dessus.
. Nous entretenons le mythe par des expressions telles que « gagner du temps ». Et pourtant, à la fin d’une journée où nous pensons avoir enfin « optimisé notre temps », nous nous plaignons de tout ce qu’il nous reste à faire. Nos vies ressemblent à une succession de boxes dans un garde-meubles, que nous remplissons chaque jour à ras bord, avant de jeter la clé et de passer au suivant.
. Abandonnons donc toutes les expressions dans lesquelles le temps est un objet, parce qu’elles nous enferment dans des impasses angoissantes. Revenons aux choses sur lesquelles nous avons un vrai contrôle : nos actions, au présent. Et jugeons de la qualité de ces actions ici et maintenant, par rapport à la joie que nous en retirons.
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