« Maîtriser » sa colère est risqué

Nous avons appris à « maîtriser » nos colères, pour de très bonnes raisons : par bonne éducation, pour être accepté dans un groupe, pour rester en lien, pour être vu comme un professionnel, « raisonnable »… Pourtant, se couper de sa colère est la garantie d’aboutir aux résultats opposés.

Quand nous écrasons une émotion authentique pour en montrer une autre - du « calme souriant », de la « maîtrise de soi », ou de « l’agacement » par exemple - on dit que nous sommes dans un sentiment parasite. En Analyse Transactionnelle, on appelle cela « coller un timbre », comme sur les premières cartes de fidélité où l’on collait des vignettes, avant de l’échanger contre un cadeau.

Le « cadeau » ici, ça n’est pas un bocal offert par votre épicier. C’est une scène, avec une émotion souvent escaladée, et qui arrivera de manière inappropriée, sans lien direct avec le moment présent.

Par exemple, j’ai écrasé plusieurs fois ma colère au boulot, en faisant « bonne figure » dans une réunion où mon boss m’a attaqué, puis en disant « ça n’est pas grave » à un collègue qui rendra son rapport en retard. En rentrant chez moi, je vais hurler contre mes enfants qui n’ont pas mis la table. Cette rage, c’est le « cadeau » que je récupère en échange de mes deux « timbres », les émotions parasites que j’ai montrées au travail.

Le pire, c’est que nous allons parfois « justifier » ces comportements inacceptables par « tout ce que nous devons endurer au boulot ». Mais c’est nous qui avons fait le choix de ne pas utiliser notre colère authentique !

Parfois, nous allons accumuler des timbres pendant des années, jusqu’à « l’explosion » finale, la grande scène fantasmée pendant si longtemps : « cette fois ça suffit, je n’en PEUX PLUS, allez tous vous faire f… ! » (avant démission ou licenciement). Ou bien nous « échangeons » ces timbres contre des insomnies, du stress chronique, un ulcère…

La colère sert à rétablir nos limites, ici et maintenant. Utilisons-la.