Les cadeaux qu’il faut refuser

Dec 28, 2024

Quand nous étions petits, nous devions accepter « avec le sourire » des cadeaux dont nous ne voulions pas. Le baiser de la vieille tante aigrie, les chaussures hideuses « qui ne s’useront jamais », les plats que nous détestions mais « on dit merci et on mange ».  

À l’âge adulte, nous continuons à accepter certains cadeaux qui ne nous font pas plaisir. Un dîner où nous allons évidemment nous ennuyer, une promotion « qui ne se refuse pas » alors qu’elle s’accompagne d’une charge de travail écrasante, une aide qui nous endette - parce que c’est « donnant-donnant ».

Parfois ces cadeaux empoisonnés sont plus insidieux. Ce sont les signes de reconnaissance « plastiques », stéréotypés : « ta nouvelle coiffure te rajeunit de 10 ans ». Ou les disproportionnés : « ton speech était hallucinant, tout le monde était é-blou-i ! ». Ou bien encore les « gigognes », où la méchanceté est glissée à l’intérieur : « et bien bravo, pour une fois c’est du bon boulot ! ».

À chaque fois, nous grimaçons intérieurement, mais nous nous forçons à faire bonne figure : on nous a bien répété que « un cadeau ne se refuse pas », « à cheval donné ne regarde pas les dents », « on ne crache pas dans la soupe ». Et nous faisons ainsi passer les conventions sociales avant le respect de nous-mêmes, le bonheur des autres avant le nôtre.

Il est bien sûr autorisé de refuser un cadeau. Assumons de dire non (parfois sans « merci ») lorsque nous n’y trouvons aucune joie, si le présent n’est pas gratuit, si l’intention n’est pas positive.

La réaction des autres leur appartient : ils peuvent immédiatement nous reprocher notre refus, ils peuvent aussi choisir de nous demander des explications, apprendre ce que nous aimons vraiment, et se réjouir d’apprendre que lorsque nous disons « merci », c’est toujours sincère.

 

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