La joie, rempart contre les angoisses
Apr 08, 2023Je suis parti il y a une semaine pour tourner à Strasbourg mon nouveau parcours sur les émotions. Profondément angoissé à l’idée de ne pas être à la hauteur face caméra, de faire entendre tout ce que j’avais préparé. Et si… je n’envoyais pas la bonne énergie ? Et si… l’équipe de tournage restait de glace face à mon contenu ? Et si… je me rendais compte au montage que tout cela c’était du vent ? Et si… et si… et si…?
En arrivant sur le plateau de tournage, j’ai eu un coup au cœur. Le décor, les lumières, les machines, les dizaines de mètres de câbles suspendus dans les airs ou courant dans les angles… en quelques secondes je me suis aperçu de la quantité colossale de boulot qui avait été fournie par les équipes de Pulsemedia avant même que j’arrive.
Par rapport au tournage de ma formation « Communication efficace » il y a 4 ans, avec la même équipe, on était passé dans une autre dimension. « Tout ça pour moi ? Je n’ai vraiment plus du tout le droit de me rater, maintenant… »
A la fin de la séquence d’introduction, Fabrice, le créateur des lumières, est reparti sur un autre plateau, en me disant juste : « c’est vachement bien, je regrette de ne pas pouvoir rester. Et tu sais quoi, quand ce sera fini, je suis ok pour faire partie des premiers participants ! » J’ai eu l’impression qu’on m’avait retiré un poids de 100 kilos…
Les deux jours de tournage sont passés en un éclair. Un tunnel de concentration, loin de la lumière du jour, avec seulement quelques pauses pour se rendre compte du temps qui passe. Parfois je dérapais, et pas seulement dans le texte : des bordées de jurons avec lesquelles je m’enfonçais dans le stress.
Heureusement, je me suis concentré sur les retours des personnes sur le plateau, leur intérêt, les questions qu’ils me posaient sur ce que je racontais. Au lieu de me dire qu’ils le faisaient juste « pour me faire plaisir », j’ai décidé d’en profiter.
Dans la foulée, deux jours dans une salle pour faire le pré-montage, les yeux rivés sur des écrans géants, avec une question lancinante : « est-ce que ça fonctionne ? » A la fin de cette deuxième course contre la montre, j’ai regardé Brice, le patron de Pulsemedia, et il m’a juste dit : «ça va être bien ». Et j’ai ri comme un gamin.
Un quart d’heure plus tard, je parlais avec une cliente, et comme je lui expliquais ce que je venais de faire elle m’a interrompu en disant : « ça m’intéresse ! Quand est-ce que je peux la faire, cette formation ?! »
Si je me souviens de ces trois moments, c’est parce qu’à chaque fois j’ai ressenti une diminution nette de mon niveau d’angoisse, et en même temps une augmentation de mon niveau de joie. C’est logique au fond : les deux sont diamétralement opposées.
Ce qui a profondément changé par rapport au tournage d’il y a 4 ans, c’est que j’ai accepté de faire totalement confiance aux personnes avec qui j’étais embarqué. Leur faire confiance sur la partie technique, c’était simple. J’ai bossé sur de nombreux tournages, et Brice et son équipe ont un niveau de maîtrise exceptionnel. Mais croire en leurs retours positifs, c’était beaucoup plus difficile. Heureusement j’ai arrêté de résister, et j’ai accepté de me concentrer uniquement sur ce qui était en mon pouvoir : envoyer mon texte avec un maximum d’énergie et de conviction.
Henri Bergson écrit : « la joie annonce toujours que la vie a réussi, qu’elle a gagné du terrain, qu’elle a remporté une victoire : toute grande joie a un accent triomphal. » La joie, c’est le signe que notre puissance vitale vient de franchir un obstacle. De retour dans mes collines, je me rends compte que derrière le défi de ce tournage se cachait pour moi le défi du lâcher-prise, et de la confiance.
Résister, vouloir tout contrôler, c’est nous enfermer dans les angoisses. Lâcher-prise, c’est ajuster l’itinéraire en suivant les balises de nos joies. S’angoisser, c’est se couper des autres. Accepter d’être joyeux, c’est se remettre en lien avec eux.
Pour que nos joies durent et soient des remparts contre les angoisses, j’ai aussi découvert qu’il est essentiel de remercier. Parce que cela nous aide à nous concentrer sur les sources de joie. La gratitude vient du mot latin gratia, la grâce, comme le mot de « gratuité ». Être joyeux, c’est aussi être en lien par le don, le cadeau, reçu ou donné.
Alors un tout grand merci à tous ceux qui ont répondu en novembre dernier à ma demande sur leur difficulté n°1 en matière d’émotions. Merci Brice pour le boulot colossal que tu as accompli sur ce tournage. Dans quelques semaines nous célébrerons la fin du montage et le lancement de ce parcours. Et d’ici là, je vais me concentrer sur tous les cadeaux que j’ai reçus pour ne pas m’angoisser.
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