« L’occasion fait le larron »

Je suis frappé de voir combien nous avons parfois du mal à accepter les compliments, et comment nous trouvons des moyens « élégants », « polis », pour les renvoyer à ceux qui nous les offrent.

Dites merci à quelqu’un et observez les : « de rien » ou « y a pas de quoi » (ton merci n’a pas de sens), « non, mais merci à toi d’être venu » (ton merci a moins de valeur que le mien), « c’est pas moi qu’il faut remercier, c’est l’équipe » (je refile ton cadeau à mes voisins)…

Dites bravo à quelqu’un et observez les : « je suis encore loin d’être au niveau » ou « dis-moi plutôt comment je pourrais progresser » (j’aurai le droit au bravo quand je serai parfait c’est-à-dire jamais), « c’est gentil » (c’est uniquement pour ça que tu me félicite)…

Récemment j’ai eu un exemple encore plus frappant. Je félicite une manager nommée il y a peu, et elle me répond : « oh, tu sais, c’est l’occasion qui fait le larron ! » avec un sourire un peu gêné. En d’autres termes, elle ne devrait sa nomination qu’à un coup de bol et à ses talents de voleuse.

Cette modestie exagérée, « bien élevée », va avoir des conséquences.  

. Ceux qui se font refuser leurs cadeaux vont finir par s’agacer
. Ils vont arrêter de vous féliciter et vous fournir les cadeaux dont vous semblez si friands… les critiques
. Vous allez renforcer votre idée que vous n’êtes pas à la hauteur… et refuser avec encore plus de vigueur les compliments.

Tout cela vient de l’époque où on nous a fait croire qu’il était dangereux de recevoir TROP de retours positifs. « Il ne faudrait pas que cet enfant se prenne TROP au sérieux ! » - « Il va finir par avoir un ego démesuré ».

C’est faux évidemment. Notre valeur est inconditionnelle. Elle ne dépend ni de nos actes, ni des retours des autres personnes. 

La bonne nouvelle ? Nous sommes adultes. Nous pouvons changer ces décisions prises il y a longtemps. Pour commencer, prenons l’habitude de répondre simplement : « Merci » quand on nous fait un compliment.