« Je ne veux plus personne en télétravail ! »
Sep 14, 2024Un paquet de dirigeants essayent de contrôler et de limiter drastiquement le télétravail dans les entreprises. Cette semaine une RH bien déprimée m’a raconté que son boss, le CEO d’un grand groupe, va imposer un retour de tous ses salariés au bureau, sans exceptions. Même Tim Cook le patron d’Apple a fait marche arrière… celui dont je vous parle a l’air bien décidé.
Les arguments sont classiques : « l’information circule mal, y en a marre des visios, l’organisation des équipes est un enfer… » Et puis il y a un autre argument, moins directement affiché : on ne sait pas ce que les gens font quand ils sont chez eux, et quand on les aura de nouveau sous la main, ce sera plus facile de faire le tri entre les bosseurs et les cossards.
Chacun de ces arguments peut être vrai. C’est sur la solution que j’ai de sérieux doutes. Pour contrer les dérives d’un nouveau mode de travail, l’idée est de revenir à celui d’avant. L’histoire économique et sociale prouve que cela ne fonctionne jamais. Il vaut bien mieux inventer des nouvelles règles et processus pour s’adapter au nouveau monde.
Cela va demander évidemment plus de boulot. Mais ça évitera un exode massif des talents. Car ce sont évidemment les meilleurs qui ont la possibilité de changer de crèmerie. Si vous leur dites « tout le monde en rang, fin de la récré », ils iront dans une entreprise qui les considèrera comme des adultes responsables. Et vous resterez avec les moins créatifs, ceux qui font ce qu’on leur dit, comme on leur dit et juste ce qu’on leur dit.
La première étape, c’est d’inventer des manières de mesurer la productivité de tous nos métiers « intellectuels », où l’on utilise son cerveau d’abord, et ses mains à la rigueur, mais sur un bloc de papier ou un clavier, pas sur des machines ou des outils.
Aujourd’hui, dans les entreprises de services, on en est encore trop souvent à identifier « productif » avec « bien occupé » / « débordé ». Pour savoir si quelqu’un est « bien occupé » / « débordé », on met tous les salariés dans un immeuble où on pourra les voir / les garder à l’œil…
Le problème ? Ça revient à confondre quantité et qualité. Et c’est un mode de pensée hérité de la Révolution industrielle, totalement anti-productif aujourd’hui.
La bonne nouvelle de cette impasse ? Les RH ont un champ des possibles immense pour inventer enfin les modes de travail du XXIème siècle. Rendez-vous demain matin dans ma chronique en vidéo et en podcast pour des idées concrètes de solutions.
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