« Je fais seulement mon boulot »
Dec 17, 2024C’est la phrase assassine. Celle qui ravage tout, à l’intérieur des organisations et à l’intérieur des personnes qui en ont fait une maxime professionnelle. Avec deux variantes :
« Je ne fais que ce pour quoi je suis payé » : je refuse de faire un centimètre de plus que ce qui m’est expressément demandé, parce que j’ai l’impression que sinon je serai volé. En fait, notre travail vaudra toujours plus que notre salaire, parce que nous vendons d’abord notre temps, la seule chose que nous ne pouvons pas renouveler.
Si nous décidons de faire uniquement « ce qui est prévu », nous nous enfermons dans la prison de la passivité et de la répétition. Une mort à petit feu, avec des repas (les salaires) et des promenades (les vacances) à heures fixes, sans créativité ni imagination (le coin de ciel bleu entre les barreaux).
« Je ne m’occupe pas des affaires des autres » : je vois des comportements inadmissibles, illégaux, mais je refuse d’intervenir. Parce que « je ne suis pas payé pour ça », que « c’est le boulot de la RH » ou « du manager » (« it’s well above my paygrade » disent les Américains). Mais depuis quand refuser d’être complice mérite une prime ? Il ne s’agit peut-être pas d’une complicité condamnable par la loi. Mais d’une complicité morale, évidemment. Celle dont on croit se décharger par des critiques virulentes à la machine à café ou dans les couloirs du métro.
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