« J’ai la chance de… »

Nov 25, 2024

C’est une forme de politesse moderne : attribuer tout ce qui est positif, agréable, remarquable… au destin, à la bonne fortune ou à l’alignement des planètes.

Un manager avec qui je discute cette semaine : « j’ai la chance d’avoir une super équipe ». Une DRH qui parle de son arrivée dans une nouvelle entreprise : « j’ai de la chance, les relations sociales sont au beau fixe. » Une commerciale qui vient de cartonner ses objectifs : « on a eu de la chance, notre nouveau produit a été super bien accueilli par les clients ».

Alors quoi ? Le travail fourni par ce manager, cette DRH, et cette commerciale, c’est de la gnognotte ? Du pipi de chat ? De la roupie de sansonnet et de la poudre aux yeux ? Ils sont bien sûr les premiers responsables de leurs succès, en collaboration avec les personnes autour d’eux ! Si hasard favorable il y a, il ne joue qu’à la marge…

 

Ces invocations à la déesse Chance sont une manière de dire « ça va bien, mais je ne préfère pas dire que c’est grâce à moi. On pourrait croire que j’ai un ego surdimensionné… » D’ailleurs, j’attribue mes succès à la chance, mais les échecs… à moi-même. En toute logique, je devrais accuser la malchance, mais non : l’idée est de continuer à me dévaloriser aux yeux du monde. 

Cette fausse modestie a plusieurs conséquences possibles :

. A force, je vais faire croire à tout le monde, moi y compris, que je ne suis pas pour grand-chose dans les résultats positifs. A terme, moins de félicitations, moins d’opportunités et moins de joies.
. Je risque aussi de me faire croire que tout ce qui m’arrive est le fruit du destin, et d’entretenir ensuite une attitude passive et probablement angoissée face à l’avenir.

Nous sommes aux commandes de nos vies, arrêtons de mettre de la chance partout.

Reconnaissons nos succès comme nos échecs, souvenons-nous que ni les uns ni les autres n’ont de conséquence sur notre valeur personnelle, remercions et félicitons qui de droit, en commençant par… nous.

 

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