« Il n’est pas sincère »

- Ah ! Tu bosses avec B. ! Méfie-toi, il n’est pas sincère…
- Pourquoi tu dis ça ?
- Écoute, ça se VOIT ! On ne sait jamais ce qu’il pense vraiment !
- C’est-à-dire ?
-Il est trop froid… On n’arrive pas à le croire quand il dit qu’il est content, alors qu’il fait une tête de trois pieds de long. Qu’est-ce que tu veux… Moi, je n’arrive pas à faire confiance à quelqu’un qui porte un masque tout le temps.

Il est possible que vous ayez aussi parfois l’impression de ne pas arriver à « lire » les émotions de quelqu’un, sur son visage, dans ses gestes ou le ton de sa voix. Et dès qu’il y a « incohérence », notre notre cerveau allume un signal d’alarme « attention, danger potentiel ».

Seul problème : c’est une incohérence… vue depuis notre fenêtre. Nous sommes en train de généraliser notremanière de manifester une émotion donnée ! Et au lieu de nous dire « tiens, c’est pas comme ça que j’aurais exprimé la joie », nous concluons : « au fond, il n’est pas vraiment joyeux, c’est du chiqué ».

N’oublions jamais qu’il n’y a PAS d’expression universelle des émotions. Les études célèbres de Paul Ekman, qui ont fondé ce mythe, ont été largement contredites depuis 2006.

Chacun d’entre nous a en fait construit son mode d’expression des émotions en regardant les figures d’autorité dans sa famille d’origine, et reçu en même temps le message que certaines étaient « ok » et d’autres non (en fonction de son milieu social ou de son sexe par exemple).

Nous avons confirmé ces décisions au cours de notre vie, en considérant que telle personne était « ok » parce qu’elle se comportait comme nous, et que d’autres ne l’étaient pas… parce qu’elles se comportaient différemment.

En conclusion, quand nous portons un jugement sur une incohérence dans la communication, rappelons-nous que c’est une interprétation de notre part, sur des bases personnelles. Ça ne veut pas dire que c’est faux – mais cela demande a minima que nous vérifiions avec la personne en face de nous.