Colère épisode 2 – Je suis en colère, et je le dis !
Feb 02, 2022La semaine dernière, je vous ai montré la double fonction des émotions en général, et de la colère en particulier. Aujourd’hui, nous allons rentrer dans le « mode d’emploi » de la colère, des techniques simples pour utiliser cette magnifique énergie au service de notre bonheur.
La première étape, incontournable, c’est de nommer notre colère. Dites, à vous-même d’abord, puis aux autres éventuellement, « je suis en colère ». Mettre un mot sur notre ressenti, c’est commencer à y réfléchir, c’est donc à la fois l’identifier, et la mettre à distance : je ne suis pas mon émotion, je ne disparais pas en elle, au contraire, j’ai toujours un cerveau qui fonctionne et qui va faire son boulot de réflexion.
Dans une expérience de 2007, des chercheurs de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) ont utilisé l’imagerie numérique pour suivre l’activité du cerveau de personnes testées. Et ils ont montré que le seul fait de dire son émotion diminuait l’intensité de la réponse du cerveau limbique ET activait le neo cortex, la partie plus complexe et plus « récente » de notre cerveau, celle qui est justement en charge de l’analyse et de la régulation de nos émotions.
Six Seconds, un très bon site dédié à l’intelligence émotionnelle, explique que les mots jouent dans les émotions un rôle de pont entre les ressentis physiques et les pensées. Dire « je ressens ceci… » ou bien « j’ai telle émotion » nous fait prendre conscience que justement nous ne sommes pas seulement cette émotion. Cela nous rappelle que cette émotion est temporaire. Donc nous commençons à prendre de la distance et à analyser ce que cette émotion nous indique.
Daniel Siegel, professeur de psychiatrie lui aussi à UCLA, a une magnifique expression : « Name it to tame it » – « nomme-la pour l’apprivoiser ». Réfléchir, analyser notre émotion, c’est la deuxième étape de la boucle positive des émotions, entre le ressenti physique et les comportements, l’action.
Attention ! Nous pensons dans les mots… donc utilisons les mots exacts, sinon nous allons fausser notre analyse d’entrée. Certains d’entre nous ont appris à « bloquer » leur colère, et donc vont la minorer avec des mots comme : « je suis agacée », « énervée », « stressée ». Ou même, ils vont disparaître complètement de la phrase : « il y a des jours où rien ne va ».
En minorant, ou en niant l’émotion, ils ne vont rien en faire. Rien ne va se régler, la situation sera toujours aussi problématique… et la colère sera donc toujours là ! A terme, cela peut se finir avec un ulcère, de la tension, et/ou de brusques éclats de rage.
D’autres au contraire confondent la colère et une forme « escaladée », toxique – la rage. Ils vont dire « je suis fou de colère », ou « fou de rage ». Et en disant cela, ils entretiennent la croyance qu’on ne peut pas à la fois être en colère et avoir un cerveau qui fonctionne. La rage, ça n’est plus l’émotion authentique. C’est une sorte d’explosion, sur laquelle nous reviendrons dans une prochaine vidéo.
Une dernière chose : dites « je suis en colère », pas « tu m’as mis en colère », ou « cette situation me rend dingue », « il me fait péter les plombs ». Avec ces tournures passives, nous entretenons la croyance que l’émotion est une réponse quasi automatique, programmée, inévitable, à ce qui se passe à l’extérieur de nous. C’est évidemment faux. Notre émotion nous appartient, nous avons le pouvoir d’en faire quelque chose après avoir pris le temps d’y réfléchir. Ça n’est pas une malédiction, un sort que nous aurait jeté des personnes autour de nous…
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