Colère épisode 1 – Je suis en colère et c’est une bonne nouvelle !
Jan 29, 2022Aujourd’hui je veux prendre la défense d’une émotion magnifique – comme toutes les émotions – la colère. On nous a appris qu’elle était mauvaise conseillère, qu’elle nous aveugle ou nous fait voir rouge – bref qu’il faudrait arriver à la contrôler, la maîtriser ou nous en couper, sous peine de perdre les pédales (et le contrôle) dangereusement. Tout ceci est crétin, inefficace, inutile, et je veux vous convaincre que le seul vrai danger, c’est de continuer à entretenir une vision négative de la colère.
Dans cette première vidéo, nous allons remettre les choses au clair. Sur le sens et l’utilité des émotions en général, et de la colère en particulier. Et dans les prochaines, nous rentrerons dans le détail du « mode d’emploi » de la colère. Bien sûr, j’attends vos questions, vos objections, vos histoires, pour, au fur et à mesure, creuser le sujet dans des directions qui vous soient utiles.
Procédons par ordre. D’abord, il n’y a pas d’émotions positives (la joie) et d’émotions négatives (toutes les autres – peur, tristesse… et colère). Il n’y a que des émotions agréables (la joie) ou désagréables (peur, tristesse, colère). Encore qu’on puisse trouver agréable d’avoir peur dans une attraction de montagnes russes ou face à un film d’angoisse, ou agréable de parler de sa tristesse à quelqu’un, ou de voir une personne s’excuser et s’engager à ne pas refaire une chose à l’origine de notre colère.
En tous cas, valoriser ou dévaloriser telle ou telle émotion est pour moi une ânerie. Pourquoi ? Parce que toutes les émotions ont une double utilité. Elles nous indiquent que quelque chose vient de se produire dans notre environnement, et des conséquences possibles de cet événement sur notre équilibre intérieur. Et – deuxième utilité – elles sont une magnifique source d’énergie pour justement rétablir notre équilibre, augmenter notre bonheur in fine.
J’anime des stages de deux jours sur les émotions, donc si je veux que cette vidéo reste dans un timing supportable pour vous, je vais me centrer sur la colère. Qu’est-ce qu’elle m’indique ? Que quelque chose vient de se produire, que quelqu’un est « rentré » dans mes frontières, et menace mon confort : en me coupant la voie dans les bouchons, en ne faisant pas la vaisselle ou en ne me rendant pas un dossier à la date prévue. La colère nous indique que quelque chose ne me convient pas.
Ça c’est la première étape. Lorsque j’identifie les manifestations physiques de la colère (par exemple élévation de la pression sanguine, accélération du rythme cardiaque, mâchoires qui se serrent, visage qui se ferme, épaules qui se tendent…), je vais réfléchir et identifier ce qui s’est passé dans mon environnement et pourquoi je suis en colère. Ça n’est pas le dossier en retard qui est à l’origine de ma colère, c’est le fait que du coup j’ai l’impression que la personne en face ne me respecte pas ou du moins ne respecte pas mon travail.
Deuxième étape, je vais réfléchir à ce que je veux obtenir, pour rétablir mes frontières, et utiliser l’énergie de la colère pour faire une demande ferme, directe. Dans une prochaine vidéo, je vous montrerai pourquoi cela n’a rien à voir avec hurler, menacer, être violent. Le bon usage de la colère, c’est accorder à l’autre la même valeur qu’à soi-même et donc ne pas l’attaquer lui, mais refuser l’un de ses comportements. Et lui dire ce qu’on veut à la place.
Prenons l’exemple d’une indépendante dont la facture n’est pas réglée par son client. Attitude malheureusement classique des entrepreneuses qui travaillent avec moi : « pardon de vous relancer, c’est juste pour savoir si vous savez quand est-ce que la facture sera payée »… Réponse : « bientôt », ou bien même une imitation de cette attitude passive et impuissante : « oui, on est désolé, on fait le nécessaire, bien sûr, ça ne devrait plus tarder… ».
Mieux vaudra sans doute dire « je suis en colère parce que vous en êtes à 70 jours à date de facture, alors que vous vous êtes engagés à me régler en 30 jours. Je suis en colère, parce que je ne me sens pas respectée, j’ai l’impression que vous vous moquez du travail que j’ai fourni ! Donc ce que je vous demande, c’est de me payer avant la fin de la semaine. Allez-vous le faire ? »
Une fois que la colère nous aura permis d’obtenir ce que nous voulons, elle va disparaître ! Si nous restons en colère, c’est soit que nous n’avons pas identifié ce qui en est à l’origine, soit que nous avons un problème avec cette magnifique émotion. La semaine prochaine, je vous montrerai pourquoi il est essentiel de nommer cette émotion, et comment le faire. Puis dans une troisième vidéo, je vous montrerai que ce n’est pas la colère qu’il faut craindre, mais la rage, et ses conséquences. Enfin, dans une quatrième et dernière vidéo, je vous montrerai comment faire une demande efficace.
Ça, c’est ce que j’ai prévu pour l’instant. Et je modifierai le programme ou je le complèterai, en fonction de vos remarques… et de vos demandes justement !
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