« Que la Force soit avec les RH... »

Oct 08, 2023
« Que la Force soit avec les RH... » Aurélien Daudet

L’arrivée de l’IA va bouleverser les règles du jeu de la concurrence. Face à ce tsunami, les RH ont l’opportunité d’être enfin au centre des organisations.

Chaque fois que je réfléchis à un changement profond dans un système, par exemple après une crise ou face à une mutation technologique, je repense au livre de Simon Sinek, The Infinite Game. Il montre que trop souvent nous voyons la concurrence comme un jeu « fini », avec un nombre d’acteurs défini à l’avance ou très prévisible, des règles connues, avec un début et une fin précis, et dont le but est la défaite de ses adversaires. Exemples typiques : le foot, les échecs, la compétition économique « classique ».

Il oppose cette vision à celle d’un jeu « infini », où des joueurs inconnus peuvent être à l’œuvre dans l’ombre, où de nouveaux joueurs peuvent venir de n’importe où et à n’importe quel moment, sans règles fixes (à part la loi comme cadre large), et sans limites temporelles très claires. Dans cette vision « infinie », la compétition économique n’a ni gagnants ni perdants – seulement des joueurs qui abandonnent lorsqu'ils n'ont plus la volonté, le désir et/ou les ressources nécessaires pour continuer à jouer.

L’arrivée de l’IA (comme celle de l’Internet que j’ai vécue comme journaliste économique), est une rupture majeure, que personne n’avait prévue, dont on commence à voir l’ampleur colossale, sans pouvoir définir précisément les conséquences. C’est un tsunami, mais la vague n’a pas encore touché le rivage.

 

Tsunami en approche

 

Face à ce bouleversement, il y a deux grandes attitudes :

. Des acteurs qui restent dans une vision « finie » du jeu : ils cherchent à intégrer l’IA dans leurs processus actuels, à l’utiliser comme un « atout concurrentiel » pour écrabouiller plus vite leurs concurrents, ou éviter de se faire laminer.

. Des acteurs qui sont dans une vision « infinie », et qui se disent que le plus important c’est de rester dans le jeu. Et qui pour cela vont d’abord construire des organisations saines et puissantes. Parce que lorsqu’on doit affronter une tempête, la seule chose qui compte, c’est :

. que le vaisseau soit costaud

. que l’équipage, soudé, compétent, soit en plus capable de s’adapter à vitesse grand V.

 Je suis profondément convaincu que l’IA va niveler absolument 90% de tous les piliers actuels de la compétitivité des entreprises. Tout ce qui est process, analyses, calculs, méthodes… sera très bientôt délégué par les organisations à l’IA. Si elles ne le font pas, elles disparaîtront à très brêve échéance. Si elles le font, elles atteindront des niveaux de productivité et d’efficacité qu’elles n’imaginaient même pas possibles. Malheureusement, elles ne pourront pas vraiment s’en féliciter : toutes les structures encore dans le jeu auront les mêmes. 

 

Dans cette transition, qui sera sans doute une des plus rapides de l’histoire économique, encore plus rapide que celle de l’internet[1], les RH vont donc avoir un rôle central de pilotage de la transformation, parce que la mutation, une fois démarrée, va devoir se faire à toute vitesse, pour arriver à surfer cette vague gigantesque et ne pas se faire « crasher » au fond de la mer.

 

Oubliez les transformations classiques

 

Seules les RH sont capables de définir les nouvelles structures, de faire évoluer les compétences (disponibles en interne ou à trouver en externe), et d’orchestrer une transition permanente.  Il faudra en effet abandonner le modèle classique de transformation – en gros « on se réunit et on réfléchit pendant 2 ans, on gère pendant les 2 suivants, on digère pendant les 2 suivants… » C’est en permanence qu’il faudra bouger, la seule chose prévisible ce sera l’instabilité.

 

Une fois que la mutation se sera faite, et que l’IA aura mis tout le monde sur le même pied pour ce qui est des process et techniques, la différence se fera à un autre niveau : celui des humains qui composent les organisations.

 

Là encore, j’imagine deux grandes catégories : celles qui demanderont aux équipes de ne pas gêner les machines. Faites semblant que vous servez à quelque chose, mais surtout n’intervenez pas – vous ne feriez que diminuer la productivité. A terme bien sûr ces organisations iront au bout de l’exercice et réduiront drastiquement le nombre de leurs salariés.

 

En face, certaines organisations se rendront compte que l’humain n’est pas seulement un facteur d’erreur. Et qu’il peut apporter trois magnifiques leviers de croissance : la curiosité, l’originalité et l’émerveillement. (En tous cas c’est ce que je pense 😀 !) A terme, l’IA va remettre l’intelligence humaine au centre. Les organisations qui seront prêtes à faire cet effort auront un futur radieux : justement parce que l’IA aura supprimé une bonne part des acteurs et mis les survivants sur une même ligne, ceux qui sauront retrouver des moteurs d’innovation dans les cœurs et les cerveaux de leurs salariés avanceront à pas de géant.

 

Artistes de nos jobs

 

L’intégration de l’IA, c’est une gigantesque remise à zéro des compteurs de la concurrence. Avec en parallèle la disparition d’une quantité massive des organisations actuelles. Et la renaissance de la vraie créativité chez les autres.

 

Je ne parle pas de la créativité qui fait joli dans les séminaires, les incantations vides sur le « hors du cadre » ou « out of the box ». Je parle d’une révolution qui redonne à chaque travail sa dimension artistique, où l’on arrête de se préoccuper du sens avec des mots creux qui n’arrivent plus à camoufler l’inutilité profonde d’une majorité des jobs actuels, et où chacun peut rentrer heureux d’avoir vu chaque jour, dans son monde, la trace de son travail.

 

Je crois enfin que cette révolution artistique sera portée par les managers. Ceux qui sont à la tête des entreprises, bien sûr. Mais encore davantage ceux qui en constituent la colonne vertébrale. Et là encore, je suis profondément convaincu que ce sont les RH qui sont les seules capables de penser, et de pulser cette révolution partout dans l’organisation, comme un cœur pulse le sang réoxygéné dans l’organisme.

 

Il est temps d’arrêter de dire que les RH sont des fonctions support. Et ce changement de posture, c’est vous, fonctions RH, qui devez le faire en premier, dans vos têtes. Si vous êtes convaincue comme moi que « à RH puissante, organisation puissante », alors les autres commenceront à vous suivre. Vous devez prendre la barre, et vite.

 

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[1] Suivant en cela d’ailleurs une tendance très ancienne : aux Etats-Unis, il a fallu 120 ans pour que 100% des foyers aient accès à l’eau courante, 48 ans pour qu’ils aient l’électricité, 25 ans pour que le téléphone mobile passe de 10 à 96% d’adoption, 23 ans pour que l’internet passe de 10 à 88%, 14 ans pour que les réseaux sociaux touchent 88% de la population, 7 ans pour que les tablettes atteignent 64% d’adoption…

 

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