« Ils vont me rendre folle… »

Oct 28, 2023
« Ils vont me rendre folle… » Aurélien Daudet

Certaines personnes ont un talent exceptionnel pour nous… faire sortir de nos gonds, rendre chèvre, faire tourner en bourrique, rendre dingue, partir en vrille, péter les plombs, fondre un fusible, disjoncter. BREF… pour nous rendre fous. Et d’où leur vient ce pouvoir… De nous 😱 ? 

Dans son livre magnifique The Artist’s Way, Julia Cameron parle des « crazymakers » (mot à mot les faiseurs de fous - « ceux qui rendent fou ») comme d’un des principaux obstacles à notre créativité.

Nous pouvons les rencontrer n’importe où : au boulot (collègue, manager, client…), dans notre famille (conjoint ou ex, enfants), notre famille d’origine (parent, tante, cousin…), nos amis… Ils peuvent être vivants ou morts (ceux que nous avons toujours « dans nos têtes » et à qui nous continuons à obéir). Les points communs ? « Les crazymakers sont très charismatiques, souvent charmants, hautement inventifs, et très persuasifs. Et pour la personne créative proches d’eux, ils sont extrêmement destructifs. Vous voyez le genre : charismatiques, mais incontrôlables, beaucoup de problèmes, très peu de solutions. »

 

Bloqueurs de joie

 

La créativité que les crazymakers viennent « bloquer », c’est notre capacité à conduire notre vie comme nous le voulons, au mieux de nos intérêts, de nos envies, dans le sens que nous indique notre joie. Qu’ils soient « votre mère surcontrôlante, votre patron maniaque, votre ami en manque d’affection, votre conjoint buté », les crazymakers ont 4 armes fatales de destruction de notre créativité – et de notre joie :

. Ils « rompent les accords et détruisent les agendas » : comme cette manager qui changeait systématiquement l’ordre du jour des réunions, « à cause d’une urgence », laissant ses n-1 au bord de la crise de nerfs. 

. Ils « veulent un traitement de faveur » : cette personne qui « rendait fous » ses collègues (et le personnel de l’hôtel) avec une liste de demandes longue comme le bras à chaque repas… Ou ce père qui hurle et tempête sur au volant, avec des « je n’en peux plus ! Mais je n’en peux plus ! Mais je vais finir par crever ! » - et tout le monde dans la voiture s’inquiète pour lui, alors qu’en fait tout le monde devrait se dire « comment est-ce que je fais pour sortir de cette voiture et ne plus jamais y remonter ! » 

. Ils détestent l’ordre. Parce que le chaos leur permet de vous manipuler. Ils envahissent votre bureau avec leur désordre (« désolé, j’avais besoin de place pour étudier le dossier X, promis je n’en ai pas pour longtemps »), posent leurs affaires sur votre chaise (« sorry, je pensais qu’aujourd’hui tu étais en télétravail ! »)…

. Ils nient farouchement être des crazymakers. Si vous confrontez une promesse non tenue, ou une tentative de prise de pouvoir, attendez-vous à une mauvaise foi de compétition ! « Mais je n’y suis pour rien si tu n’est pas organisée ! » (ou le contraire : « mais je n’y peux rien si tu es tellement rigide et incapable d’improviser un minimum ! »)

Est-ce que vous reconnaissez des personnes de votre entourage ?

Cette « vieille copine », qu’au fond vous n’avez plus aucun plaisir à voir depuis des années, mais que vous continuez à inviter « parce qu’elle me dit que je suis sa seule copine ». Drôle de copine, qui vous parle de tous ses problèmes sans jamais écouter les vôtres (« ah ben moi c’est pareil / c’est pire ! »), et qui conclut toujours avec un satisfait : « promis, la prochaine fois c’est moi qui t’invite ! »

Ce manager qui avait promis de vous aider pour les entretiens de licenciement de son collaborateur, et qui au dernier moment vous envoie un mail disant qu’il préfère ne pas venir, « qu’il ne se sent pas super à l’aise, et puis que c’est le job de la RH ». Avec la touche finale : « mais de toutes façons je te fais entièrement confiance ! »

Ou ce salarié handicapé (sourd de l’oreille gauche), qui criait à la discrimination et au harcèlement chaque fois qu’il était confronté à son manque de travail, qui allait se plaindre et menacer auprès de membres du Codir, et partait en congés maladies pendant des mois – jusqu’à ce qu’il soit changé d’équipe… et que le cycle infernal recommence ?

… Ou cette sœur qui vous appelle à 23 heures et démarre avec « je sais qu’il est tard, mais je n’ai jamais le temps de t’appeler plus tôt, j’en ai pour une minute » ?

Ok, mais… si ces personnes-personnages sont si faciles à repérer… pourquoi est-ce que nous les tolérons encore autour de nous ? Comment se fait-il que nous n’ayons pas déjà établi des frontières infranchissables, coupé les ponts, refusé tout contact ?

 

« Je ne peux pas la laisser tomber »

 

« Mais Aurélien ça n’est pas possible ! C’est mon boss, ma sœur, un salarié protégé, ma plus vieille copine… Je ne peux pas lui dire ça / lui faire ça / la laisser tomber… » 

Ah bon ? Vous ne pouvez vraiment pas faire ça ? Ou bien est-ce que vous ne voulez pas couper ces liens toxiques ? Si cette personne représentait un danger de mort pour vous, vous seriez encore dans ses parages ? Non, évidemment !

« D’accord Aurélien, mais là je ne suis pas en danger de mort ! »

Pas directement... Mais pensez à l’énergie que vous dépensez dans les interactions avec ces personnes ! Au temps perdu (qui ne se récupère jamais, désolé de vous le rappeler) ? A toutes ces sources de joie que vous vous interdisez, qui sont exclues pour vous pendant que vous « vrillez » dans leurs stratagèmes ?

Souvenez-vous de toutes les fois où vous vous êtes dit (à propos de quelqu’un d’autre évidemment) : « je ne comprends pas comment elle fait pour supporter cet abruti ! Moi il me rendrait dingue ! » Pourquoi acceptez-vous vos crazymakers ?

 

Est-ce que « par hasard » ce serait pour « ne pas leur faire de la peine » en coupant ces liens ? Souvenez-vous que vous n’avez pas de pouvoir sur les émotions des autres. Nous sommes responsables de ce que nous faisons, pas de la manière dont les autres l’interprètent ou le « ressentent ». Et vouloir préserver le bonheur de personnes qui sont totalement indifférentes au nôtre… ça ne vous paraît pas la définition du monde à l’envers ? Notre responsabilité n°1, c’est de prendre soin de nous, donc de nous protéger de ces relations toxiques.

Je repose donc ma question : pourquoi est-ce que des personnes sensées comme les RH, souvent très bien équipées pour repérer ce genre de processus, continuent à accepter d’y rentrer et d’y patauger ?

Nous sommes en lien avec des crazymakers parce que cela nous permet de rester bloqués, de ne pas franchir un cap et de ne pas dépasser notre dose de joie et de bonheur autorisée.

Les crazymakers sont un des nombreux outils que nous utilisons pour rester dans un système, un monde, peut-être pas très nourrissant, mais au moins connu. Plutôt que d’utiliser notre temps et notre énergie pour identifier nos rêves, et nous mettre en mouvement pour les atteindre, nous préférons nous abrutir avec des dépendances toxiques : boulot, alcool, drogues, sport… et « crazymakers ».

 

Mettre du cadre

 

La première étape, cruciale, est de reconnaître notre part de responsabilité dans ce qui nous arrive. Comme le dit Julia Cameron, « si vous êtes impliqué dans une relation avec un(e) crazymaker, il est très important que vous admettiez ce fait. Admettez que vous êtes utilisé - et admettez que vous utilisez votre propre abuseur. Votre crazymaker est un obstacle que vous avez choisi vous-même, pour vous détourner de votre propre trajectoire. Autant vous êtes exploité par votre bourreau, autant vous vous servez de cette personne pour bloquer votre flux créatif. »  

Une fois que nous sommes conscients du processus, et clairs sur notre responsabilité, alors nous pouvons exercer notre pouvoir pour changer ce qui ne nous convient pas, et mettre du cadre aux crazymakers. Attention ! Je n’ai pas dit : les changer. Il s’agit de leur dire ce qu’ils doivent changer dans leurs comportements, avec nous. Sous peine de sanction en cas de non-respect de cette règle. La sanction ultime étant la coupure définitive de la relation.

La prochaine fois que vous penserez « il/elle me rend folle ! », demandez-vous ce que vous essayez de bloquer chez vous en restant dans cet état et dans cette relation. Au lieu de vous menacer de « folie », UTILISEZ plutôt votre colère, cette magnifique énergie qui sert à faire respecter ses limites !

Vous voulez en savoir plus ? Rejoignez-moi pour mon prochain webinaire gratuit : « 3 secrets pour faire de vos émotions une force irrésistible ». 

Il est temps de nettoyer notre tableau de bord et de passer à l’action ! Rdv jeudi, 12h30.

 

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