Colère épisode 4 – La colère, levier des demandes efficaces

Feb 19, 2022
Colère épisode 4 – La colère, levier des demandes efficaces - Aurélien Daudet

Bonjour et bienvenue dans cette vidéo de conclusion de ma courte série sur la colère, cette émotion magnifique avec laquelle je vous propose de vous réconcilier. Non la colère n’est pas mauvaise conseillère (vidéo n°1), dites que vous êtes en colère (vidéo n°2), ne confondez pas la colère avec la rage ou « l’agacement » (vidéo n°3). Aujourd’hui, je veux boucler la boucle, et vous montrer comment utiliser sa colère pour faire des demandes efficaces. Pour que la colère disparaisse, il faut qu’elle fasse son job, qu’elle obtienne un changement de comportement et / ou une réparation. Alors, comment faire cela de manière positive et efficace ?

 

 

J’ai appris le processus que je vais vous donner dans l’un de mes stages en Analyse Transactionnelle, avec le thérapeute Salomon Nasielski. C’est avec lui que, pour la première fois j’ai compris comment sortir des rages dans lesquelles je me coinçais depuis mon enfance. C’est l’un de très nombreux cadeaux que j’ai reçus pendant mes 4 années de formation à Bruxelles. Avec cette technique, j’ai profondément apaisé ma vie personnelle… et aussi ma vie professionnelle ! C’est en particulier sur ce versant que je vais insister aujourd’hui.

 

Commençons par la méthode, ensuite je passerai aux exemples.

 

Première étape : la préparation. Avant de dire quoi que ce soit à l’autre, je dois faire tout un travail préalable sur ma colère, ce qu’elle me dit de moi, et de ce que je veux.

 

 

Donc : j’identifie que je suis en colère, par des manifestations physiques de l’émotion. Ensuite, je réfléchis à l’origine de cette colère, et je constate que je suis en colère contre tel ou tel comportement de quelqu’un dans mon entourage (par exemple). Je continue à réfléchir, et je comprends que si je suis en colère, c’est parce que ce comportement vient perturber mon fonctionnement, mes principes, mon bien-être. Et je finis par réaliser ce dont j’ai besoin ici et maintenant.

 

 

A la fin de cette période d’identification – réflexion, j’ai donc tous les éléments nécessaires pour aller faire une demande efficace. Et je vais pouvoir, dans un deuxième temps, aller faire ma demande proprement dite.

 

 

D’abord, je vérifie que la personne est ok pour aborder un sujet qui ne va pas forcément être agréable à entendre pour elle. Par exemple en disant : « je veux te parler d’une chose qui ne me va pas dans notre relation, est-ce que c’est ok pour toi maintenant ? ».

 

 

Ensuite, je lui dis ce que je ressens. Par exemple : « je suis en colère parce que tu ne m’as pas envoyé les éléments que tu m’avais promis ».

 

 

Puis je dis comment j’interprète ce comportement : « Je me sens coincé et j’ai l’impression que tu ne respectes pas mon travail ». Attention à vous interdire toute interprétation du comportement de l’autre (par exemple : « j’imagine que pour toi ça n’est pas important », « je ne crois pas que tu comprennes ce que je ressens »…). Il faut rester strictement sur son émotion, son ressenti.

 

 

ENFIN, après avoir dit ce que je ne veux plus, et pourquoi je ne le veux plus, je dis ce que je veux : je fais ma demande en des termes concrets. Par exemple : « donc je te demande de m’envoyer ces éléments avant 17h ». Évitons les demandes en négatif « je te demande de ne plus le faire » (ça ne dit pas ce que vous voulez), ou les demandes trop générales et sujettes à interprétations : « je te demande de respecter mon travail » (ça ne veut sans doute pas dire la même chose pour lui et pour moi).

 

 

Dernière étape : après avoir fait votre demande, vérifiez si elle est acceptée. « Est-ce que tu vas le faire ? » Et si oui, « quand ?

 

 

Il y a aussi tout un processus pour la négociation qui pourrait suivre cette demande. Mais cette vidéo risquerait d’être beaucoup trop longue. Si cela vous intéresse, manifestez-vous, postez un commentaire ou envoyez-moi un mail et j’organiserai un stage complet sur le bon usage des émotions.

 

 

Mais déjà, si vous suivez le processus de la demande, vous allez voir que beaucoup de personnes en face de vous vont vous répondre avec un simple « ok ». Parce qu’ils vont comprendre ce que vous ressentez, ils vont entendre que ça n’est pas eux-mêmes que vous visez, mais un de leurs comportements. Et changer un comportement, c’est toujours possible, tandis que personne ne veut ni ne peut se changer soi.

 

Je récapitule :

 

– Bonjour Antoine, j’ai besoin de te parler d’une chose qui ne me va pas dans notre relation, est-ce que c’est ok pour toi maintenant ?
– Euh… oui ?
– Merci. En fait, je suis en colère parce que tu ne m’as pas envoyé les éléments que tu m’avais promis.
– Ah, oui, c’est vrai, mais tu sais, j’ai tellement de trucs sur le feu… Mais il n’y a pas de raisons pour te mettre en colère ?!
– En fait si : la raison, c’est que je suis coincé dans mon boulot. Et que j’ai l’impression que tu ne respectes pas mon travail.
– Ah !? Je te promets que ça n’est pas le cas !
– Tant mieux ! Mais c’est ce que je ressens. Donc, comme je veux travailler positivement avec toi, je te demande de m’envoyer ces éléments avant 17h. Vas-tu le faire ?
– Ok, je vais le faire.
– Merci beaucoup, c’est très agréable de voir que tu respectes ma demande !

 

 

Comme tout le monde, je suis souvent confronté dans mon métier à des situations où je ressens de la colère. Mais en tant qu’indépendant, je n’ai pas la machine à café où je peux parler de mes problèmes avec des collègues compatissants. J’ai donc très vite compris que j’avais intérêt à savoir quoi faire avec ces colères, pour ne pas « boucler » dedans, et qu’elles deviennent des rages, à plus ou moins brève échéance.

 

 

Prenons l’exemple classique et très désagréable pour un indépendant : le client qui ne paye pas. Les retards s’accumulent, et en général l’indépendant va commencer par des mails du style « est-ce que vous savez pourquoi ma facture n’est pas payée ? » ou bien « est-ce que vous savez quand est-ce qu’elle sera payée ? » Réponse classique : « bientôt ». Assez vite dans ce genre de situation, je vais ressentir de la colère, parce que cela peut me poser des problèmes de trésorerie, et puis surtout parce que j’ai l’impression de ne pas être respecté, à cause de la date annoncée au départ et largement dépassée et aussi à cause du flou des réponses que j’obtiens.

 

 

Avant, je continuais à m’excuser de demander quand est-ce que cette facture allait être payée… en serrant les dents de plus en plus fort et même parfois avec des bordées de jurons face à mon écran.

 

 

Aujourd’hui, je dis ou j’écris mot à mot : « je suis en colère (ou profondément en colère si c’est le cas) ». Comme dans ce mail à un client en novembre dernier :

 

 

« Bonjour,
Le XX septembre dernier, il y a donc 66 jours, je vous ai envoyé la facture correspondant à la mission que j’ai réalisée dans vos locaux le XX septembre.
Ce mail est ma 5ème demande concernant le paiement de cette facture. Pour l’instant je n’ai eu que des réponses floues ou fausses, et la facture n’est toujours pas payée.
Je suis profondément en colère. A minima je ne me sens pas respecté, surtout je commence à avoir l’impression que vous vous moquez de moi.
XXX, veux-tu bien s’il te plaît prendre les choses en main et résoudre ce problème ? Je ne veux plus de promesses, mais la confirmation du virement fait. »

 

 

J’ai eu cette confirmation le jour même. Mais j’ai ressenti que ma colère n’était pas éteinte, donc que je n’avais pas obtenu complètement ce que je voulais. En réfléchissant, j’ai compris que je ne voulais plus repasser par ces retards pour les prochaines missions avec le client. Et j’ai donc dit qu’à cause de cette colère, je ne travaillerai avec eux que si j’étais payé en amont. Ce qui a été accepté.

 

 

Tout n’est pas encore totalement « carré » dans la gestion des process de facturation chez ce client, c’est sûr. Mais je constate que nous avons une communication beaucoup plus ouverte, et beaucoup plus équilibrée sur ces sujets. Tant que je n’avais pas utilisé sainement ma colère, et ;dit ce que je ressentais et pourquoi je le ressentais, je continuais à m’excuser de réclamer. En minorant mon émotion, et ma posture, j’étais moi aussi responsable de ce dysfonctionnement…

 

 

Au terme de cette courte série sur la colère, j’espère profondément vous avoir convaincu de l’utilité vitale de cette émotion, à condition de bien l’utiliser. J’attends joyeusement et impatiemment vos questions, remarques et commentaires en-dessous de cette vidéo. Si vous avez envie d’approfondir ces sujets, dites-le moi ! Je réfléchirai à organiser un stage dédié.

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